Caroline Guillaumin, Directrice des Ressources Humaines et de la Communication de la Société Générale
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Engager les collaborateurs, un levier essentiel pour l’entreprise

Rencontre avec Caroline Guillaumin, Directrice des Ressources Humaines et de la Communication de la Société Générale

L’engagement des collaborateurs est-il un phénomène récent ?

Je pense qu’il faut remettre les choses dans un contexte historique. L’entreprise a toujours évolué, mais d’une manière assez lente, permettant à tous de s’adapter. A une certaine époque vous pouviez arriver dans une entreprise sans diplôme et gravir les échelons au fur et à mesure : on appelait cela l’ascenseur social. Votre parcours professionnel était tout tracé, de votre arrivée jusqu’à votre pot de départ ! La fierté d’appartenance, l’engagement à l’entreprise, étaient acquis et les démissions rares. Puis est apparue la « révolution numérique » qui a d’abord touché le monde des télécoms auquel j’ai appartenu chez Alcatel. Celle-ci s’est ensuite répandue dans l’industrie puis, plus tardivement, dans le monde bancaire. De manière concomitante, avec l’arrivée du numérique, est apparu le terme « transformation » de l’entreprise, un mot qui peut être perçu comme positif ou négatif selon le point vue où l’on se place. Il a donc fallu voir les choses sous un nouvel angle.

Aujourd’hui, lorsque nous recrutons de nouveaux collaborateurs, nous ne leur déroulons plus de plans de carrière mais nous leur parlons d’« employabilité ». Cela veut dire que nous nous engageons à les former tout au long de leur parcours professionnel afin qu’ils soient certains de trouver un emploi, même s’ils nous quittent.

Qu’en est-il de la nouvelle génération, les fameux « millennials » ?

En ce qui concerne cette nouvelle génération qui arrive sur le marché, l’engagement est très différent. On a affaire à des jeunes qui ont un fort attachement à l’équilibre vie professionnelle/vie privée, qui sont très sensibles à leur qualité de vie et pour qui le travail doit avoir un « sens ». Ils considèrent que la génération de leurs parents a fait trop de sacrifices, notamment familiaux. Ils attachent par ailleurs beaucoup de valeurs à l’éthique de l’entreprise dans laquelle ils travaillent et surveillent de près ce que la presse et les réseaux sociaux disent d’elle.

Quels sont les leviers pour susciter un engagement fort et créer une culture de la mobilisation ?

Le premier levier sur lequel s’appuyer est la communication interne qui doit résolument s’inscrire dans son époque. Pour y arriver il faut inscrire l’entreprise dans la réalité de son temps en appréhendant tous les sujets sociétaux : inclusion, diversité, mixité, LGBT, etc. Nous ne devons pas seulement montrer mais prouver que l’entreprise est ouverte à toutes et à tous, que ce soit à travers des chartes ou des discours publics, à la fois internes et externes. Prenons un exemple : j’ai soutenu à mon arrivée il y a 10 ans une toute première initiative LGBT lancée par notre filiale au Royaume-Uni et j’ai été confrontée à pas mal de réticences. Ce mois-ci c’est notre Directeur Général Délégué qui prendra la parole au nom de l’ensemble du Groupe sur ce sujet. C’est une avancée significative !

Il faut ajouter à cela, et c’est très important, la qualité de vie au travail, le télétravail (1 à 2 jours par semaine à la Société Générale pour environ 15 000 salariés en France) et aussi l’organisation des bureaux ; chez nous les « flex offices » sont très proches de ceux des GAFA. Attention toutefois, ce n’est pas en installant un baby-foot dans un couloir que vous allez retenir les talents ! Il faut aussi travailler sur la politique de rémunération, l’équité, et surtout la transparence des décisions prises.

Les actions de solidarité peuvent-elles être un de ces leviers ?

Oui tout à fait, la solidarité est un levier extrêmement important. Les actions de mécénat, que ce soient celles de notre Fondation ou celles de nos filiales, sont extrêmement suivies par nos collaborateurs. En parallèle, et pour répondre à une vraie demande, nous avons mis en place des actions de mécénat de compétences qui peuvent aller de quelques heures de soutien à des ONG, au mi-temps senior qui permet à des collaborateurs proches de la retraite de travailler à temps partiel au sein d’une association tout en restant salariés de la Société Générale. Nous organisons aussi tous les ans un « Citizen Commitment Time ». Il s’agit d’un grand rassemblement collectif qui permet aux collaborateurs du monde entier de mettre leur temps et leur énergie au service de la solidarité.

Enfin, j’aimerais parler d’une action qui m’est particulièrement chère : il s’agit de « Playing for Philarmonie», un ensemble composé de musiciens et de chanteurs professionnels mêlés à des salariés de la Société Générale. Cet orchestre travaille durant un an et demi sous la direction du chef François-Xavier Roth pour monter un programme afin de se produire sur des scènes magnifiques : la Philharmonie de Paris, Londres ou même Moscou.

L’idée de départ était très simple et pourrait se résumer en une phrase : privilégier le collectif. Faire se réunir des pays qui n’avaient pas l’habitude de travailler ensemble : le Sénégal avec la Roumanie, le Cameroun avec le Royaume-Uni, la Russie avec la Côte d’Ivoire, etc. et abolir les liens hiérarchiques en mêlant dirigeants, managers, assistantes autour d’une même partition. Une année et demie de travail, des répétitions le soir, entre midi et deux, le week-end, rien que pour le plaisir de la musique, de monter sur scène tous ensemble, de vivre une part de rêve. C’est, à mon sens,  le plus bel engagement qui soit !

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