Florence Provendier, députée des Hauts-de-Seine
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Le mécénat : un engagement gagnant-gagnant

Rencontre avec Florence Provendier, députée des Hauts-de-Seine

Depuis le formidable élan de générosité qui a suivi l’incendie de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, le mécénat a été mis sous les « feux » des projecteurs, encensé dans un premier temps, puis rapidement critiqué, notamment pour son régime fiscal, l’un des plus avantageux au monde. Le mécénat est cependant plus que jamais nécessaire car il contribue largement aux ressources (financière, RH, dons en nature) des associations tout en donnant du sens aux missions des entreprises. Florence Provendier, députée des Hauts-de-Seine qui a travaillé en entreprise et aussi dirigé l’ONG Un Enfant par la Main, nous livre son point de vue sur ces relations qui se révèlent gagnantes pour tous, créant un cercle vertueux entre associations, entreprises et pouvoirs publics.

Vous avez été dirigeante d’une ONG internationale et êtes toujours très engagée auprès de diverses associations, quelles recommandations feriez-vous aux associations dans leur recherche de fonds entre le privé et le public ?

Je leur dirais avant tout qu’il est important d’avoir un projet associatif clair. Il existe en France environ 1,3 million d’associations de toutes tailles, dont les ressources proviennent à la fois de donateurs particuliers, publics et privés. Il est donc structurant pour une association d’avoir un positionnement bien défini afin de collecter des fonds en adéquation avec son ADN. Je leur dirais aussi que le mécénat ne se limite pas à des dons financiers. Il peut aussi relever du Pro Bono qui permet à des salariés de mettre leurs compétences au service d’associations durant leurs heures de travail, ou encore de dons en nature, comme par exemple l’aide alimentaire ou le don de matériel, qui par ailleurs entre dans la dynamique positive de l’économie circulaire.

Les entreprises seront-elles amenées à jouer un rôle de plus en plus important pour affronter les défis sociétaux et environnementaux de demain ?

Dans les années 2000, la démarche RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) a été un tournant important pour les entreprises qui, pour la première fois, devaient s’interroger sur l’impact qu’avait leur production sur la société. Plus récemment, en mai 2019, a été votée la Loi Pacte, qui va encore plus loin puisqu’elle permet aux entreprises d’intégrer dans leur statut leur « raison d’être ». Un certain nombre d’entre elles, et pas les moindre, l’ont déjà fait. Le mécénat s’inscrit dans cette dynamique puisqu’il est l’un des moyens pour les entreprises de donner du sens pour ses salariés, ses futurs talents et plus largement l’ensemble de ses parties-prenantes.

Prenons l’exemple d’un salarié qui se rend au sein d’une association dans le cadre d’une mission Pro Bono ; certes il apporte ses compétences à la structure ou à ses bénéficiaires mais il acquiert en retour de nouvelles compétences, s’ouvre à un nouveau monde, trouve une utilité sociale à son travail. Il s’agit d’un engagement gagnant-gagnant. Dans le même temps l’association profite de compétences dont elle ne pourrait pas se doter autrement. Aujourd’hui seule une entreprise sur 10 est mécène et toutes s’accordent à dire que les bénéfices du mécénat sont largement partagés.

A noter que ce type de dispositif n’est pas l’apanage des grosses entreprises et que les TPE/PME/ETI[1] dans les régions y ont également tout intérêt. Quant aux entreprises déjà mécènes, il faudrait les encourager à mettre en place des partenariats dans la durée, plutôt que des opérations ponctuelles, dans une vision partagée avec les associations.

Peut-on donc dire qu’il s’agit de la fin de « l’Etat Providence » ?

On parle régulièrement du « désengagement de l’Etat » mais il ne faut pas oublier, et c’est une particularité française, que le financement public représente toujours une part très importante des ressources des associations puisqu’il est à peu près équivalent à celui du privé[2]. On peut ajouter à cela les récentes initiatives qui favorisent l’ »engagement » comme le Compte Engagement Citoyen (CEC) qui permet d’acquérir des droits en se mettant au service, entre autres, d’une association. Il faut aussi repenser les équilibres financiers en faveur de l’intérêt général. Les structures de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) ou les Entreprises solidaires d’utilité sociale (ESUS) par exemple, sont en plein développement.

Force est de constater, qu’il n’y a pas d’un côté, l’économique et le non économique, de l’autre les bons et les méchants. Chacun à un rôle à jouer en fonction de, sa politique pour le gouvernement, sa raison d’être pour l’entreprise, et son projet associatif pour les associations. C’est ensemble, grâce à nos différences et nos complémentarités, que nous pouvons construire l’avenir de notre société.

Version anglaise / English version

[1] Très petites entreprises, Petites et moyennes entreprises, Entreprises de taille intermédiaire

[2] https://associations.gouv.fr/les-associations-en-france.html#Les-chiffres

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